La traduction automatique

Je voudrais faire ici ma réponse à une dentellière dans un des groupes Facebook auxquels j'appartiens et qui essayait de faire un patron de dentelle en se servant d'un traducteur automatique. La traduction ne suivait pas ses espérances. En même temps, je vais en profiter pour faire une mise au point concernant le russe pour certaines personnes.

En traduction automatique, quand le domaine est général, on est capable de comprendre le sens global du texte traduit (même si c'est parfois loufoque) mais on n'a pas le choix de faire de la révision.

Quand on tombe dans un domaine spécialisé (comme l'informatique ou ...la dentelle) ça se corse. La révision aussi. En fait, le traducteur automatique, qui est une machine, essaie de deviner le domaine mais n'y arrive pas nécessairement. D'une fois à l'autre, il est plus facilement inégal surtout avec les termes spécialisés. Il peut nous perdre avec le terme spécialisé d'une autre domaine. L'expérience peut être assez frustrante.

La dentellière essayait de faire un patron. Quelque chose que je ne ferais pas dans une langue étrangère que je ne connais pas ou peu, à moins d'avoir un soutien visuel suffisamment détaillé.

Malgré tout ce que je viens de dire, j'utilise quand même régulièrement la traduction automatique du russe au français pour la dentelle russe. C'est celle que j'ai appris en premier (Vologda) et elle reste une de mes préférées. Ça aide. Concernant la langue elle-même, j'avais commencé à l'apprendre par moi-même il y a de très nombreuses années. Je suis capable de lire les caractères cyrilliques, mais lentement, sans comprendre nécessairement ce que je lis en dehors de certains mots qui me servent de repères. J'ai des amies russophones mais elles ne sont pas toujours disponibles. Alors je n'ai pas le choix de me servir du traducteur automatique ne fut-ce que pour moi-même, mais avec un soutien visuel essentiel pour compléter. Sans ce dernier, je suis perdue. Et comme c'est une langue que je maîtrise peu, je ne me contente pas d'une seule source pour un même sujet. Je fais des recherches. Si le résultat n'est pas satisfaisant ou demande un travail disproportionné, c'est mis de côté jusqu'à nouvelle ordre. Et des cours de russe plus formels sont en projet. Ceci dit, quand ça se retrouve enfin sur mon blogue, c'est que j'ai fait tous mes devoirs.

Alors voilà, en plus de cette mise au point, j'espère avoir répondu à la question de la dame.






Un cordonnet russe tordu à deux couleurs

La dernière fois, j'ai terminé en disant que je m'étais fait plaisir avec le cordonnet russe. J'en voyais souvent en deux couleurs alternées et je voulais l'essayer. Alors c'est fait.

Encore des cordonnets? Je sais que j'en parle beaucoup, à se demander si je fais autre chose ;-).



Voici le truc.

Les deux fils d'une paire ont chacun une couleur différente.

En dentelle russe, les cordonnets sont toujours dans un fil assez gros. Pour chaque couleur, il s'agit ici de prendre du fil deux fois plus fin et d'en calculer deux fois la longueur voulue avant de le couper.

















Puis on plie ce fil en deux. C'est ce fil en double qui servira de cordonnet.




















Ensuite, on enroule celui-ci autour des fuseaux à partir des bouts coupés. À la fin, le bout qui pend est celui avec le pli.

















Les deux fuseaux de ma paire sont placés sur la même épingle, celle-ci au milieu des boucles. Ceci facilitera l'accrochage lorsque viendra le temps de la finition. On voit à droite le montage avec les deux couleurs.



















Puis je travaille normalement, tel qu'expliqué à un moment donné dans cet article. En fait, je crois que ça va être plus rapide de le répéter parce qu'il est assez long.

  1. Lever le fuseau droit du cordonnet.
  2. Passer en dessous la paire de meneurs et la déposer de l'autre côté de la paire de cordonnets.
  3. Déposer le fuseau droit de la paire de cordonnets tout de suite à gauche du fuseau gauche. La torsion se fait toute seule.
  4. Continuer normalement avec la paire de meneur et les autres fils.


Après quelques rangs, on obtient tel que sur la première photo.



Dans cette pièce en particulier, je voulais avoir des cordonnets de la même couleur orange et vert que j'utilisais ailleurs mais des fils aussi gros n'étaient pas disponibles. Je n'ai pas pris les cordonnets de la démonstration bien que les couleurs en soient rapprochées. Alors, j'ai simplement pris les mêmes fils mais j'en ai fait trois brins, par la suite pliés en deux. Donc, si on fait le bon calcul, il a fallu calculer six fois la longueur que je voulais de fil simple. Finalement, ça donne comme à gauche.











Un centre en dentelle russe inspiré de la Mikhailov

Je suis restée coite ces derniers temps. Je mijotais de quoi de nouveau.

Dans un de mes derniers articles, je vous parlais d'un jabot dont j'étais en train de compléter le patron. C'est terminé sauf que je suis en pleine réflexion. Si je veux le faire avec la finesse de fil qui me tente, je suis obligée de le retoucher: les dimensions du jabot restent les mêmes, mais je dois mettre plus petit certains éléments clés et réadapter le reste. Du travail en sus. Ou bien, je garde ce que j'ai déjà et je m'achète un fil adapté à la grandeur actuelle, par exemple du lainage fin. Bref, à suivre...

Entretemps, j'ai commencé un autre patron. Dans la littérature d'Adelaida Rojkova, un motif revient souvent qui me plait beaucoup et que je voulais essayer. Ça couvre au-dessus de trente pages imprimées. On peut en voir une partie à cette page web, qui lui presque entièrement dédié (je vous rappelle de ne pas cliquer sur aucun lien une fois rendu là-bas). Le traducteur automatique appelle ça un pétoncle ou une coquille St-Jacques. Comme on a des déjà des coquilles en Torchon j'ai choisi éventail pour une raison que je vais exposer plus loin. Et comme la traduction automatique d'autant de pages est TRÈS laborieuse, j'avais décidé de m'en tenir aux photos. Pour certains éléments, la manière de faire m'était évidente mais ce n'était pas toujours le cas. Bref, j'étais prête à jeter le torchon jusqu'à nouvel ordre.

Une de mes amies m'a prêtée son livre Mikhailov, par Iralda Belozerova et Ludmila Kostromova. Il est en quatre langues dont le français. Il était annoncé sur Amazon il y a quelques semaines, mais je crois qu'il est en ce moment hors-édition. La dentelle de Mikhailov est une dentelle russe peu connue ici. Si vous voulez en savoir plus, j'ai trouvé une bande vidéo et je l'ai ajoutée au bas de cette page. C'est une dentelle rustique et très colorée qui évoque le tissage. Elle ornait les costumes traditionnels des paysans d'une certaine région de Russie ainsi que leur linge de table et de maison. Or, plusieurs patrons du livre utilisent ce motif, où il est appelé éventail (et c'est là d'où ça vient). Et c'est très bien expliqué. En même temps, je me suis rendue compte que ça pouvait varier d'un patron à l'autre sur des détails, ce qui explique ma confusion devant certains travaux d'Adelaida.

Alors voici à gauche ce que je fais en ce moment.













En fait, c'est ça que je serais supposée faire, avec une flèche pour vous montrer l'éventail. La photo est tirée du livre de Mmes Belozerova et Kostromova.

La dentelle de Mikhailov se fait avec du GROS fil. Or, je voulais la faire avec du fil plus fin, un coton égyptien 60/2 que j'avais sous la main. Comme je voulais garder les mêmes dimensions, j'ai décidé de faire des adaptations. Les puristes vont hurler. Mais je sais que je pourrai toujours le faire by the book (selon les spécifications) une autre fois. Et parlant de spécifications, je les ai toutes observées. Là où le livre disait de faire A, j'ai fait A. Rigoureusement. Je reste quand même en situation d'apprentissage. J'ai rien enlevé.

Je vais vous expliquer les adaptions que j'ai faites si ça peut vous donner des idées pour modifier des patrons.

Pour les galons, j'ai ajouté des paires et des cordonnets pour faire la largeur. Pour ce qui est de l'éventail, où je pouvais pas me le permettre, j'ai simplement ajouté des torsions. Rien d'autre. Les fils jaunes et foncés qu'on voit sur la photo du haut, c'est juste des fils magiques pour m'aider à faire mes accrochages à la fin.

Pour les cordonnets, je me suis fait plaisir. Je vais y revenir. Et je vais aussi revenir sur les techniques utilisées dans le patron. Mais ce sera plutôt le sujet d'autres articles.

Et malheureusement, question de droits d'auteur, je suis dans l'impossibilité de rendre le patron disponible.

Une fleur russe en festons

Au départ, je ne voulais pas le poster à cause des erreurs. Sauf que je viens de recevoir la publication d'un autre blogue auquel je suis abonnée. La dentellière a fait du point de Paris et montre ses erreurs. Je me suis sentie moins gênée et j'ai décidé de plonger.



En dentelle russe, on voit des festons dans certaines dentelles dont celle de Ielets (image ci-dessus, prise d'une bande vidéo de trente minutes). En général, ils sont agrémentés d'un cordonnet. C'est aussi ma préférence. Dans mon exploration, j'avais choisi un patron facile d'Adelaida Rojkova pour me faire la main. Le même patron est utilisé dans trois de ses livres. Je l'ai même vu circuler sur Pinterest. Mais j'ai pris la version à cette adresse.

Et pour vous permettre de le repérer dans la page, en voici une photo:




J'ai imprimé la patron sur du papier de couleur (le fil blanc s'y voit mieux), je l'ai collé sur un carton souple (genre chemises en carton; j'en ai récupéré un bon lot d'usagées lors d'un ménage dans les bureaux où je travaillais) que j'ai recouvert d'un film autocollant en plastique transparent (on peut faire l'inverse: papier blanc et film de couleur mais j'ai du transparent dont je veux me débarrasser). Je ne fais pas de piquage, sauf pour des cartons plus épais (ça arrive), où les aiguilles peuvent se tordre facilement.

Le patron ne présente pas de difficulté en soi. C'est seulement de la grille (dans ses autres livres, elle peut aussi faire de la toile). Alors j'ai commencé en me basant sur mes connaissances et les images, me réservant le texte pour plus tard. Je voulais savoir si elle avait une technique spéciale pour la finition de sa grille. J'ai reçu tout un choc quand j'ai enfin lu.

En fait c'est une des raisons pour laquelle j'ai publié cet article. Elle recommandait de terminer en faisant des nœuds et en les consolidant avec de la colle blanche. Quelqu'un m'a confirmé qu'il y avait débat sur son usage, que j'ignorais. Personnellement, je crois qu'on doit l'éviter. D'accord, elle devient transparente en séchant, mais la dentelle prend localement de la raideur. Et, de mon point de vue, la qualité baisse.

Toujours est-il que j'ai fini par la technique "Toute une chaîne de nœuds", en me fiant sur le fait que le cordonnet cacherait. Celui-ci, on le rentre en suivant son chemin au travers des fils. Et c'est là qu'a été mon erreur: par excès de confiance j'ai coupé les fils avant de le rentrer. Ç'a pas tenu. Moralité: on coupe tous les fils, incluant le cordonnet, en tout dernier et en même temps.

À part ça, j'ai manqué de fil. Comme c'était de la grille, j'ai fait les rajouts par un petit nœud discret sur le bord intérieur, où ça ne se verrait pas une fois terminé (photo ci-contre). J'en ai aussi manqué pour le cordonnet. J'ai travaillé quelques rangs avec l'ancien fil ensemble avec son remplaçant, puis j'ai mis de côté le vieux pour ne travailler qu'avec le nouveau (pas de photo, zut).

Alors voici quand même ce que j'ai fait, au moins pour montrer comment on fait le feston.





Longueur de fil réajustée, je prendrais maintenant environ 2m par paire de coton égyptien 60/2 et de coton à crochet Anchor ayant une épaisseur équivalente et environ 4m de fil à broder DMC, trois brins, pour la paire de cordonnet. Sur le petit bout, j'ai disposé six épingles, avec deux paires de fil par épingle, en suivant les directives de l'article sur la Technique de coloration en dentelle russe. La manière de gérer les couleurs tout le long de l'ouvrage y est aussi consignée. Le cordonnet a été l'objet d'une épingle séparée, complètement à gauche de l'ensemble. Photo ci-contre.


Je me suis d'abord concentrée sur le cordonnet. J'ai expliqué la technique avec le meneur dans cet article sans avoir de photos. Ici, j'ai été capable d'en prendre (des photos).

1) Je soulève le fuseau droit du cordonnet (ci-dessus).

 
2) Je prend la paire de fils à droite, que je passe sous le fuseau droit et dépose à gauche du fuseau gauche du cordonnet (ci-dessus).



3) Je dépose le fuseau droit du cordonnet entre le fuseau gauche et la paire de fils. La torsion se fait toute seule (ci-dessus).

Je continue ainsi toutes les paires de fil sauf les deux dernières. Je place une épingle de soutien (photo ci-dessous) pour que le cordonnet puisse garder sa forme dans le changement de direction.



Avec les deux paires laissées libres à droite, je fais un point double. Dans ces deux paires, celle de droite est destinée à ma paire bordure. Celle de gauche, je la passe dans le cordonnet en faisant une torsion. Puis, je commence mon rang de grille. À la fin de celui-ci, je fais un autre point double, avec désormais un nombre pair de torsions avant de fermer l'épingle pour conserver l'alternance de couleur dans les meneurs. Ceci pour les deux paires bordures.


La deuxième photo de l'article donne le résultat après quelques rangs. À chaque fois que mon cordonnet change de direction (ou que je veux garder la courbe), j'aide avec une épingle de soutien. J'ai donné ci-haut la manière de le travailler lorsqu'on va de gauche à droite. Pour la droite vers la gauche, c'est à peu près la même chose:
  • la torsion des cordonnets reste le fuseau droit à gauche du fuseau gauche;
  • au lieu de prendre la paire de fil à droite pour la déposer à gauche, on prend celle à gauche et on la dépose à droite. 
Entre les deux rangs de cordonnets, on ne fait rien. Je tiens à le préciser parce que dans certains genres de dentelle, il peut y avoir des torsions ou autres. Mais pas ici. En tout cas, pas dans ce modèle-ci.



Et voici le résultat final, le bouton fixé après une bataille sanglante, sous un éclairage très lumineux. J'ai hésité à mettre de l'empois. La grille a souffert et on ne voit même pas l'erreur dont j'ai parlé au début. Elle s'est retrouvée en dessous parmi les ruines. J'ai décidé de la porter (la fleur, pas l'erreur, zut les deux) quand même et à date ça tient. Par contre, mon manque de fil pour le cordonnet se voit (flèche). 



Ielena Rusakova, une autre de mes références en dentelle russe, a un vidéo sur les festons. C'est en russe, évidemment, mais sa voix est presque un fond sonore. En se concentrant sur ce qu'on voit, on s'en sort très bien. Vous remarquerez le traitement différent de ses cordonnets, en toile au lieu d'être tordus ou en chevrons. Les trois sont possibles. Avec les chevrons, il y a même un truc auquel je pourrais revenir. Mme Rusakova vend des cours de dentelle mais son site contient aussi des éléments gratuits accessibles à toutes. Pour certains, on n'a pas besoin de connaître le russe. Elle a aussi un canal Youtube.

Mise à jour le 17/04/2019. Gibritte a publié hier la recette pour une fleur assez similaire mais a un autre truc pour sa finition. Pour la consulter, cliquez ici.


En préparation

En voulant plâtrer des fissures dans mes murs au début septembre, j'ai pogné (attrapé) une rhinite, pas encore guérie. En voulant nettoyer ma cuisine la semaine dernière, j'ai pogné un tour de rein. Alors je fais de la dentelle. Plus d'excuses!

En fait, je suis en train de préparer ce patron de jabot qui vient d'Adelaida Rojkova. Photo ci-dessous. Le jabot est un vêtement élégant et j'aimerais en porter un. En plus ça va me permettre d'essayer d'autres techniques dans la dentelle russe.

J'ai pris le patron à la page http://c92099si.bget.ru/training/13.htm au tout début (je rappelle qu'il ne faut pas cliquer sur les liens une fois rendu là), où on voit que la partie gauche est incomplète. J'essaie de la reconstituer avec le logiciel Inkscape. Si le résultat a de l'allure, j'espère venir au rapport dans un autre article.



J'avais parlé du logiciel Inkscape dans cet autre article. La photo est un exemple de son interface.

Pour celles qui voudraient l'apprendre, je suis en train de réfléchir à des didacticiels en rapport avec la dentelle. Mais je ne sais pas si je me rendrais bien ,loin. Comme tout logiciel d'infographie, la courbe d'apprentissage est élevée. Il y a des centaines de façons différentes de faire des galons, des fleurs, etc... à partir des fonctionnalités de base et selon le patron. Même après toutes ces années, j'en découvre encore, me permettant d'être plus efficace. Pour donner un exemple, ces jours-ci, je bute sur certains modèles de ...fleurs qui m'obligent à un travail fastidieux et répétitif. J'aurais besoin d'un rapporteur d'angles pour placer mes points d'épingle aux bons endroits et je n'en trouve pas. Dans un tel cas, la meilleure solution serait de le programmer. Inkscape le permet. Je pourrais le faire mais c'est très avancé. Je suis en réflexion à ce sujet car je n'ai pas programmé depuis des années et il faudrait que je réapprenne...

Inkscape vient avec des didacticiels en français pour ses éléments de base. Pour les dentellières, si vous lisez l'anglais, qu'Inkscape vous intéresse et qu'il est installé sur votre ordinateur je rappelle que Veronika Irvine, Ph.D. (site TesseLace, lien ci-contre), aussi dentellière, a des didacticiels sur son site à cette adresse.