Un volant plissé en dentelle au fuseaux

Je commence une série d’études sur certains effets 3D en dentelle. Je réfère en particulier à ceux que j’ai réalisé pour les fleurs dans cet ouvrage. Je rappelle que seulement certains indices étaient disponibles pour la réaliser et que je n’ai rien trouvé sur internet pour m’aider. Je crois avoir pas mal cherché. Le patron vient d’un livre d’introduction au Fleuri de Bruges, ce qui laisse entendre que c’est une technique de base. Or, je me suis rendue compte par la suite que c’était pas mal avancé. Comme ça m’intriguait et que je tenais à le faire, j’ai plongé quand même.

L’idée est de joindre des morceaux de dentelle par des accrochages, au lieu de coutures avec du fil et une aiguille, pour obtenir des effets 3D, lorsque possible et applicable. J'admets que ça ne se prête pas à toutes les dentelles.

Je rappelle que mon œuvre originale était exploratoire. D’où que je ne recommençais pas quand j’avais des erreurs ou des insatisfactions mais que je me reprenais par la suite pour comparer. Les accrochages se sont révélés critiques et je sentais le besoin de les retravailler à tête reposée.

Ma première pratique a ciblé le volant plissé de la plus grosse fleur dans l'original. Voici ma dentelle finie:



Quelques observations suite à l'ouvrage original et que je vais appliquer dans mon étude:
  • Dans l'original, les accrochages se faisaient "dans le vide", c'est-à-dire sur ce qu'il y avait en dessous: points doubles et points de piqûre (backstitch) des pétales de la fleur. C’est plus solide de faire les accrochages dans les œillets d'épingles là où il y a des points doubles (épingles après deux, épingles après quatre). On évite de les faire dans des points de piqûre ou entre deux épingles: soit que ça ne se tient pas (ça se déforme), soit qu’il n’y a pas assez d’espace, soit les deux;
  • c'est mieux d'accrocher dans un œillet d'épingle venant d'une autre partie de la dentelle, ex: un galon. Ça plus de corps, ça se tient mieux;        
  • plus on prévoit avoir d'épaisseurs superposées, mieux c'est d'en avoir large à l'œillet où on accroche. Ajouter des torsions entre les deux points doubles au besoin.

Pour m’exercer, je me suis préparée un patron. À gauche, c'est en petit juste pour l'idée. Je vous rends disponible le vrai, à sa dimension réelle, avec les dessins techniques selon le code de couleur international, tout ça en format PDF, ici. J’ai aussi pris des notes et je voudrais vous en faire profiter (plus loin). Comme vous pouvez voir par la photo ci-dessus, il n’y a pas tellement de fantaisie. L’original est une fleur — c’est en cercle — mais, dans ce premier temps, je voulais mettre le focus sur la technique du volant lui-même et j’ai simplifié le reste au maximum, d’où la forme droite sans décorations. Je reviendrai au cercle plus tard dans cette série d’études.
    
Le patron est divisé en deux parties: à gauche (en haut sur la photo) un galon et à droite (en bas sur la photo) le volant lui-même. Celui-ci va être accroché au galon. Le patron comporte aussi des lignes de couleur bleue et rouge qui m’ont servies de repères lorsque j’ai travaillé. Elles permettent jusqu'à six essais. Les lettres vont servir plus bas dans le texte.

J’ai fait le galon en premier. J’ai monté deux paires bordures (environ 1m pour une paire), quatre paires passives (même chose) et un meneur (environ 2m ). J'ai utilisé du fil de lin 60/2. Un fil plus gros pour mieux voir la réalisation. Je n'ai rien de particulier à dire concernant le galon et son dessin technique, à part de dire que j'ai pris un galon russe au point de toile. Pour le volant, j'ai monté deux paires bordures (environ 1m), treize paires passives (même chose) et un meneur (environ 2m), même fil.

Avant de commencer le volant, voici quand même quelques idées générales sur la manière de s'y prendre. La vue transversale ci-contre en donne un schéma. On part du début et on se rend jusqu'au point A en s'accrochant au galon. Là, on tourne le coussin et on se rend jusqu'au point B en s'accrochant de nouveau au galon. On retourne encore le coussin pour se rendre au point C toujours en s'accrochant au galon. Et ainsi de suite. Bien que le schéma suggère jusqu'à cinq épaisseurs, le résultat n'en dépasse pas trois.

Ici encore je m'excuse d'avoir juste des photos. Je suis très mal équipée pour les objets vidéo. Voici le déroulement tel que je l'ai noté.

1) Je me rends jusqu’à l’épingle à droite après la prochaine ligne rouge (donc A, ou C, ou l'équivalent). Je ferme l’épingle.


2) Je mets une tige fine (j’ai pris des épingles à chapeau de 2.5" (5 cm)) par-dessus le dernier rang réalisé et par-dessus les fils et je la coince avec des épingles. Ça va aider à prendre la forme et à la garder.


3) Je tourne le carreau à 180º. Je vais travailler par-dessus ce qu’il y a déjà jusqu’à la ligne bleue (donc point B ou D, ou l'équivalent).
4) Je peux mettre un carton par-dessus le travail déjà fait pour ne pas être dérangée par les épingles. Et pour mieux voir.


5) Je ramène les fuseaux au dessus du carton un par un sans changer leur ordre pour ne pas les emmêler. Aucun fil ne doit rester à l'extérieur des épingles, ou entre elles.



6) Je continue le rang vers la droite à partir de la 2ème paire, sinon ça fait un point double supplémentaire (ou ne pas fermer l'épingle au point 1 et commencer par la première paire pour la fermer maintenant. Je l'ai essayé mais je ne le recommande pas parce que la paire la plus à droite doit se trouver entre les deux épingles et que c'est facile à oublier.). Je termine par un accrochage. Donc, un accrochage supplémentaire dans un même œillet. Vous remarquerez que j'ai quand même enlevé mon épingle de ce dernier pour faciliter cet accrochage même si elle est collée sur la tige. Je l'ai évidemment remis ensuite. Vous n'avez pas d'hallucination: j'utilise le même œillet que celui du rang avant de changer de direction.


7) Je reviens vers la gauche. Je termine par un point double + une torsion. Au lieu de mettre une nouvelle épingle, je soulève celle qui est déjà là, sans la sortir de son trou, je passe autour la paire de gauche et je fais mon autre point double.


 

8) Je continue 6 et 7 jusqu’à l’épingle à gauche après la prochaine ligne bleue (point B ou D, ou l'équivalent). Je bouge le carton à mesure pour voir les épingles à gauche et à droite que je devrai utiliser. Au bout du dernier rang, je ferme l’épingle.

9) Je retourne au point 2. Je mets une autre tige. Je laisse la première en place pour garder la forme.

10)  Pour aller de B à C, je refais 3 (ligne rouge au lieu de la bleue), 4, 5, 6, 7 (vers la gauche au lieu de la droite), 8, 9 (vers la droite au lieu de la gauche, ligne rouge au lieu de la bleue) puis je continue normalement.

11) on reprend à 1 jusqu’à épuisement des volants.

L'image ci-dessous a été prise lors du retour de B à C (ou l'équivalent), une fois tous les fuseaux passés de l'autre côté.


Après le quatrième volant, ma dentelle avait cette allure:




Quelques idées d’exercices:

  • Remplacer la grille par de la toile (volants 4, 5 et  6).
  • Au lieu de changer de direction à l’épingle après les fils rouges et bleus (à l'extérieur), le faire en-dedans (à l'intérieur). (volants 3 et 5). On voit qu'ils sont plus petits.
  • Faire le changement de direction aux accrochages eux-mêmes des lignes rouges et bleues (volant 6), ce qui rend le volant plus large du côté du galon et plus étroit de l'autre.
  • Même chose que mon volant #1, voir la parenthèse au point 6. 
  • Tout refaire en épingles après quatre. Mais ceci pourrait faire le sujet d'un prochain article.


Ceci clôt cette première étude sur les volants en dentelle. Je reviendrais plus tard avec autre chose. Il y a vraiment de quoi à explorer.

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