Avez-vous remarqué quelque chose de particulier? C'est une toute jeune femme, voire une adolescente. À cette époque, en Russie, les dentellières étaient presque toujours des jeunes femmes non mariées en situation de servage. Leur jeunesse garantissait des doigts encore fins. Les ateliers où elles travaillaient étaient des lieux humides pour garder le fil élastique et délicat. Une serve ne se plaint pas.
Une femme qui n'est pas occupée à élever une famille est plus facile à exploiter qu'une femme mariée. C'est pourquoi, dans les ateliers des propriétaires, en général des aristocrates, ceux-ci veillaient avec vigilance à les empêcher de communiquer avec la gente masculine. Si une serve rencontrait un être cher, la punition l'attendait: couper sa tresse (ce qui était considéré comme une honte), l'exiler dans un village éloigné ou la marier de force à un parti pénible, le plus souvent un veuf avec des enfants. Si l'artisane avait un enfant, il lui était enlevé, et la mère continuait à être considérée comme n'importe quelle autre jeune serve non mariée, corvéable et exploitable à merci.
Sources:
Tatiana Mogilevskaya, Alexandre Sadetsky, Notes du cours Russe-1010, Université Laval, 2014, Québec, Canada
Irina A. Vlassova, Основы кружевоплетения на коклюшках (Bases de la dentelle aux fuseaux), 2012, Petrozavodsk, Russie